Crystal & Lucas

Je coupai le contact et fermai doucement la portière de ma voiture. Je m’étais garé dans un petit parking situé dans le centre ville de Dublin. Par chance, une personne partait pile poil quand j’arrivais, ce qui m’avait évité de faire du trajet à la recherche d’une place. Levant le regard vers le soleil, un sourire apparut au coin de mes lèvres alors que je fermais les yeux. J’appréciais de sentir cette chaleur sur ma peau, c’était tellement agréable. Profitant un instant des rayons de soleil sur ma peau, j’ajustais mes lunettes de soleil, des Ray-ban noires. C’est dans ce genre de moment où je bénissais le créateur de ce petit médicament fabuleux qui nous permettait de sortir en plein jour. Il avait eu une idée de génie celui là. Ainsi, nous pouvions sortir quand nous le désirions, libérés de l’emprise du cadran solaire. Je ne m’imaginais pas passer l’éternité à vivre dans l’obscurité. Le soleil me manquerait. *Les jolies filles en bikini aussi…sbaff* S’il y avait bien une légende de réelle, c’était celle-là. La lumière du jour nous brûlait la peau lentement, et douloureusement, très douloureusement. C’est avant de quitter mon appartement, que j’avais avalé le médicament miracle. J’en avais toujours un ou deux sur moi, on ne sait jamais ce qui peut arriver et la nuit ne durait pas si longtemps que ça quant on y pense. Surtout l’été. C’était très réduit…

Empruntant l’avenue principale, j’observais l'environnement m'entourant, les personnes déambulant autour de moi. Toutes étaient préoccupées, dans leur monde, leur petite bulle, ne prêtant même pas attention au monde qui les entoure. La plupart était accrochée à leur téléphone portable, parlant avec leur amis, leur famille ou encore leur contact professionnel. Mon regard se posa finalement sur les vitrines des magasins au fur et à mesure que j’avançais dans l’avenue. Soudain, je me stoppais net, arquant un sourcil. La blondinette se trouvant à l’intérieur d’un magasin de…de quoi d’ailleurs ? Je relevais le regard pour voir l’enseigne. Qu’est-ce-qu’elle pouvait bien foutre là ? Reportant mon attention sur elle, un sourire naquit sur mon visage. Je venais tout juste de constater sa tenue : une magnifique robe ne faisant que mettre en valeur chaque courbe de son corps. Rhaa après qu’on ne s’étonne pas qu’un tas de vampire se fasse avoir par des Primes! Elles avaient en général tous les atouts nécessaires pour nous intéresser. Surtout Crystal…Crystal m’intéressait beaucoup, beaucoup plus qu’elle ne l’aurait du d’ailleurs.

D’une démarche légère, je poussais la porte et pénétrais dans le magasin. Ma main remonta aussitôt mes lunettes de soleil pour les caler dans mes cheveux désordonnés. Rien ne servait de les conserver sur le bout de mon nez, elles n’étaient d’aucune utilité dans ce magasin. M’appuyant contre un mur, je croisais les bras sur mon torse détaillant avec beaucoup d’attention Crystal qui ne semblait pas avoir remarqué ma présence. « Tu vas attirer toute l’attention si tu sors d’ici habillée ainsi… » Son regard croisa le mien, et un éternel sourire en coin ornait mon visage.

You really hate me right?
Ft. Lucas & Crystal

Et pourquoi est-ce que je n’avais pas trouvé une excuse ? Genre je suis malade ? Je dois me faire opérer ? Ah oui… je dois être un peu plus sociable… Vivre ma vie hein… Ouais bah, en ce moment-même je maudissais Sky et ses conseils. Essayer des robes… les unes encore plus chères que les autres. Et c’était le genre de robe que je n’allais plus jamais avoir l’occasion de mettre. Examinant mon reflet dans le miroir une voix d’homme se fit entendre. Je pivotais aussi tôt et regardais droit dans les yeux de Lucas. J’arquais un sourcil. « Tu t’es perdu ? » Et oui, je ne comprenais pas ce qu’il faisait ici. Et j’aurais voulu le revoir dans d’autres circonstances, dans une ruelle, une boîte de nuit, tout mais pas ici, pas alors que je tente de vivre ma vie ‘normalement’. Ah cela devait être un signe du destin ! Je ne pouvais pas vivre une vie normale. “Tu n’as pas autre chose à faire que de trainer dans une boutique pour femmes?” Il m’agace ce vampire. Je tournais mon visage en direction du miroir et examinait cette robe. Jolie, mais ce n’était pas du tout moi. Je tentais d’ignorer la présence de Lucas. Car si je montrais que sa présence m’agaçait, il n’allait surement pas s’en aller de si tôt. La vendeuse revenait avec une autre robe, saluant poliment Lucas, chose qui m’agaçait et je tournais mes yeux vers le plafond. Un vampire ne mérite pas qu’on le salue surtout pas lui. Elle me complimentait… Enfin disons qu’elle tentait surtout de vendre sa robe. Mais moi je n’étais pas du tout persuadé. « Mmm j’ai pas vraiment l’impression que c’est moi, ca. » Oui, elle était jolie, elle m’allait à la perfection, j’adorais la couleur et elle accentuait mon corps. Mais elle était longue… Comment est-ce que je pourrais me battre avec ca ? *Je doute fort que tu vas devoir te battre à un mariage…* Mouais… Ce mariage risquait d’être ennuyeux à mort dans ce cas-là. Je pris la deuxième robe que la vendeuse me tendait et j’allais dans la cabine d’essayage. Mais avant de le refermer, je tournais mon regard vers Lucas. « Dis-moi, tu comptes payer mes robes et porter mes sacs ? Mais qu’est-ce que t’es gentil ! » Et alors il osait dire que c’était moi qui jouait avec le feu ! Il me suivait, c’était pas possible ! Il était pire qu’un chien. Je refermais les rideaux et me changeait.

Et alors que j’enlevais la robe pour essayer une autre, la voix de Sélène se fit entendre. « Crystal ? Alors t’as trouvé ? Je te signale que tu dois avoir trouvé ta tenue dans moins de deux heures. Et il te faut encore les chaussures, et le sac à main et le caval… » Mais à la vue de Lucas elle s’était arrêtée. « Oh je ne savais pas que tu avais déjà trouvé un cavalier pour la soirée ? » Elle interrogeait Lucas du regard. Ouvrant d’un coup sec les rideaux, deuxième robe sur le dos. « Il s’appelle Lucas, mais ce n’est » Mais je fus coupé par Lucas même. Mon regard dans le sien, je me demandais bien à quoi il jouait là !

Crystal & Lucas

Crystal et sa grande répartie. Crystal et son caractère bien trempé. Deux petits détails qui faisaient partie intégrante de sa personnalité et quelle personnalité ! Alors, mon sourire s’effondra pour laisser place à une moue boudeuse. « Moi qui fait un arrêt spécialement pour voir ma chasseuse préférée, voilà donc comment tu m’accueilles, tu vas finir par me vexer ! » On pouvait ressentir dans chacun de mes mots l’ironie avec laquelle je les lui disais. Elle ne me lâcherait pas du si tôt, c’est même elle qui me l’avait dit dans ce fast-food. La réciproque était vraie, je ne comptais pas la lâcher tout de suite non plus.

Est-ce-que je n’avais pas autre chose à faire ? Je n’avais rien de prévu pour aujourd’hui en tout cas, à part profiter du soleil et peut-être grignoter un peu. A ce moment là, la vendeuse passa près de moi, je lui souris. En parlant de casse-croûte, celle là ferrait très bien l’affaire à moins que Crystal se porte volontaire. Après tout ça ne serait pas la première fois hein. Tout le plaisir aurait été pour moi que de poser mes lèvres sur le poignet de la belle Prime et d’aspirer le délicieux liquide rougeâtre…Voilà plusieurs secondes que mon regard avait basculé sur Crystal pour la fixer ou plutôt la dévorer des yeux sans que je ne m’en rende vraiment compte. Entendant le son de sa voix, je vins me glisser derrière elle avant de dire dans un léger murmure. « Peu importe ton impression, je dirais que tu es délicieuse là dedans. » Puis, je m’éloignais pour venir m’intéresser aux passants que je voyais passer à travers la vitrine. Déjà la blondinette s’adressait de nouveau à moi. Je tournais mon regard vers elle « Hum pourquoi pas ! Que me proposes tu en échange ? » Un sourire joueur apparut sur mon visage. Elle ne pensait tout de même pas que j’allais être à son service, à porter ses affaires. Je n’étais pas Richard Gere dans Pretty Woman !

Puis le rideau se referma, j’attrapais mon téléphone portable pour y inscrire quelques mots mais je fus de nouveau interrompue par une voix féminine, autre que Crystal et la vendeuse. Arquant un sourcil, mon regard azur alla à la rencontre de la nouvelle arrivante qui visiblement connaissait Crystal. Une amie ? Sans doute…Moi qui pensais que Crystal était un cas désespéré et quasiment asocial. Un cavalier pour une soirée…Voilà une opportunité parfaite qui se présentait à moi. Rien de tel que d’acquiescer pour taquiner un peu plus Crystal. En parlant de la jeune femme, voilà qu’elle avait déjà changé de tenue. Interrompant les présentations, je vins à la rencontre de la fameuse Sélène, adoptant un sourire tout ce qu’il y a de plus charmant. « Crystal me l’a proposé il y a quelques minutes seulement et je suis bien évidemment ravi de l’accompagner. » Je regardais Crystal, avant de m’adresser à son amie « La robe d’avant était bien aussi, mais vous connaissez Crystal, c’est une vraie tête de mule et elle ne m’écoute jamais ! Si vous connaissez une solution, n’hésitez pas à me donner deux ou trois tuyaux » Il fallait bien déconner et sympathisé un peu avec la fameuse Sélène !

Je pliais mes yeux pour le fixer. Le sarcasme et l’ironie étaient toujours au rendez-vous quand on se croisait. Et il me semblait bien trop content de me voir. Qu’est-ce que cela cachait ? Il s’ennuyait tellement qu’il voulait se frotter à la mort ? Et bien pas aujourd’hui, je n’avais pas le temps de jouer. Mais ce que je détestais par-dessus tout, c’était sa rapidité de se placer d’un côté à l’autre, de me surprendre à me murmurer subitement de choses à l’oreille. Délicieuse.. « tu veux bien arrêter de me parler et de me fixer comme si j’étais ton quatre heures ! » Si il pensait que son regard m’avait échappé il se détrompait. J’étais perspicace, surtout en présence d’un vampire. Surtout avec lui, car j’avais trop tendance à me perdre lorsqu’il était là. Mais il n’avait visiblement pas encore fini de me harceler. Car même lorsque je l’invitais à porter mes sacs, il ne voulait pas déguerpir ! Je levais mes yeux vers le plafond, et pour une fois je ne pris même pas la peine de lui répondre. Il me faisait perdre du temps, du temps précieux ! Je n’avais pas le temps de jouer, pas aujourd’hui. Je devais me rendre à un mariage. Contre toute envie, mais je ne pouvais pas changer d’avis à la dernière minute. On ne me le pardonnerait jamais et puis forte change qu’on vient me chercher chez moi pour m’amener de force à ce mariage. Alors je préférais encore moi-même forcer mes pieds à y aller. Je disparaissais dans la cabine lorsque j’entendis la voix de Sélène. Frappant doucement ma tête contre le mur, impossible, comment j’allais survivre cette soirée ? j’avais déjà marre d’essayer des robes et je n’étais qu’à mon deuxième essaie ! mais lorsqu’elle semblait avoir remarqué la présence de Lucas, mon sang se glaçait ! Et j’enfilais rapidement cette foutu robe pour sortir de la cabine.

J’ouvrais ma bouche pour riposter, mais voilà que Lucas commençait déjà à faire ami ami avec Sélène. Non mais je rêve ! A quoi est-ce qu’il joue ! Il voulait m’accompagner à une soirée ? Je croisais les bras et le foudroyait du regard alors qu’il parlait avec Sélène. Moi têtue ? Ah oui, voilà qu’on commençait à parler de moi alors que j’étais encore dans la même pièce. Et subitement j’avais bien envie de lui foutre un pieu en plein dans le cœur. D’ailleurs qu’est-ce qui m’en empêchait hein ? Et bien sur Sélène semblait tout à fait charmer par Lucas, chose que je n’appréciais encore moins.

Il voulait venir avec ? Et bien il ne savait même pas dans quoi il venait de s’embarquer ! Mais soite…. Si telle était son désir… « c’est bon je prends la première robe, choisit moi des chaussures et un foutu sac à main, et qu’on peut quitter cette boutique. » Bah oui, sélène pouvait choisir mon sac et mes chaussures. De toute manière si je choisissais moi elle risquait de me dire, ah mais non cela ne va pas ensemble voyons. Et on serait à nouveau à point de départ. Alors autant qu’elle choisit et qu’on me laisse tranquille. Finalement tout ca c’était pas du tout mon truc. Je préférais de loin chasser des monstres que de me battre avec des robes ! Avant d’aller me changer, je me tournais vers Lucas, beau sourire sur les lèvres. « Oh et Lucas… Merci de vouloir payer tout ca. J’ai vraiment de la chance de t’avoir ! » Et je disparaissais dans la cabine pour me changer. Et oui, il voulait venir avec, alors la moindre des choses était de payer ma robe. Puis de toute manière j’étais persuadé qu’il avait bien plus d’argent que moi ! Quelques instants plus tard je sortais de la cabine, jetant un bref regard désinteressé sur les chaussures et le sac à main que Sélène me montrait. « Oui oui, c’est très joli. » Au fond rien à faire. Mon regard était déjà parti vers Lucas. Et lorsque Sélène se précipitait vers la caisse, j’attrapais Lucas par le bras avant qu’il puisse la suivre. « Je peux savoir à quoi tu joues ! »

Crystal & Lucas

Je ne pensais pas qu’elle m’avait prêté attention aussi longtemps pour voir le regard que je lui lançais durant un certain laps de temps. Je n’allais pas nier que l’idée de regoûter à son sang m’avait traversé l’esprit. En même temps, j’étais un vampire, j’avais mes instincts et mes désirs. Mais il est vrai que j’y avais pensé à de nombreuses reprises depuis que j’y avais gouté dans ce lieu délabré. J’avais d’ailleurs beaucoup trop pensé à elle ses derniers temps, à croire qu’elle devenait une véritable obsession ! « Sinon quoi ? Que vas-tu faire ma belle ? » Bien sûr que je souriais. On était dans un lieu public, elle ne ferrait rien du tout et moi non plus. Enfin, à part la regarder et la taquiner.

La dénommée Sélène semblait tout excitée par cette soirée et les préparatifs qui s’y attachaient. Dès lors que Crystal lui avait donné le feu vert pour choisir le reste, elle avait filé, dans les rayons à la recherche DU sac et DES chaussures qui complèteraient parfaitement la tenue de la chasseuse. D’ailleurs cette dernière abordait de nouveau le paiement de ses achats. Elle rêvait complètement si elle pensait que j’allais payer ses affaires. « Je ne fais rien gratuitement » Sous entendu, proposes moi quelque chose en échange et peut-être j’aviserais pour te payer cette fameuse robe. Désormais disparue derrière ses rideaux, je regardais brièvement vers Sélène. Elle brandissait des accessoires les tournant d’un côté puis de l’autre, les détaillant ce qui me fit sourire. Les femmes et le shopping ! Enfin la plupart des femmes parce que là encore, sans grand étonnement, ce n’était pas ce qu’appréciait le plus Crystal qui semblait vouloir mettre fin à tous ses essayages rapidement. Encore une chose qui différenciait Crystal des autres. Différente. Oh ça, elle l’était. C’était sans doute une des nombreuses raisons qui m’attirait vers elle.

Une chaleur émanait de ses doigts alors qu’elle plaçait sa main sur mon bras afin de me retenir. J’aurais pu me dégager aisément et pourtant, mon seul geste fut de me retourner et de lui faire face. J’approchais mon visage du sien, encerclais délicatement son poignet de ma main de libre et lui fis lâcher mon autre bras. Un sourire étira doucement mes lèvres. « Pourquoi tu veux jouer avec moi ? Toi qui es si joueuse d’habitude… » Taquineries ? C’était même de la provocation purement et simplement. Quoi qu’il en soit, une sacré fin de journée s’annonçait. Alors juste pour la faire enrager un peu plus, j’ajoutais quelques mots qui je savais, auraient leurs petits effets. « Puisque tu ne veux pas être mon quatre heure, je me contenterai de Sélène ou alors j’attendrais cette petite soirée pour faire un plus grand massacre… »

Je l’observais un court instant. Il était stupide… Stupide de m’approcher dès qu’elle me voyait… J’étais une prime, prime qui voulait sa mort. Il jouait avec le feu, autant que moi je jouais avec le feu. Qu’est-ce que je lui donnais en échange ? Il ne faisait rien gratuitement… bah voyons… Je souris doucement. « Pourtant t’as bien joué au chauffeur taxi et tu m’as toujours épargné… Sans que je le demande… » Et je disparaissais dans la cabine pour me changer. Après quoi, je sentis la colère monter en moi. Lui !! Mon Cavalier !!! Voilà que la soirée s’annonçait encore pire que je l’aurais imaginé ! Et je ne tardais pas à le prendre à part. Oh oui, je voulais bien savoir ce qu’il avait en tête. Oui, d’habitude j’étais joyeuse. Mais maintenant je n’avais pas l’envie ni le temps à lui accorder. Alors qu’il me lâche ! « Je n’ai pas envie de jouer. Alors rentre chez toi. » Non je ne le voulais pas à cette soirée. Même si je n’avais pas été très excité à l’idée de ce mariage. J’aurais quand même esperé pouvoir boire du champagne et flirter avec quelques célibataires. Maintenant avec le vampire qui m’accompagnait j’allais devoir faire du babysitting ! Car hors de question de lui laisser le champ libre et de choisir ces victimes. D’ailleurs… mes craintes s’accentuent encore plus à ses paroles. Mes yeux devenaient plus foncés, plus noirs. “Tu te nourris une seule fois pendant cette soirée, et je te jures que je t’enfonces immédiatement un pieu dans ton cœur. Peu importe si on est dans un lieu publique ou pas. » oh non, je ne comptais pas fermer mes yeux pendant qu’il se nourrit sur un de mes amies ou encore une simple serveuse. Hors de question. Il voulait être mon cavalier ? Alors qu’il s’attend à ce que je sois la plus chiante et collante des cavalières, car il était hors de question que je lui laisse faire un massacre pendant ce mariage.

Je finis par m’avancer, par payer et par sortir. Sélène me répétait pour la onzième fois aujourd’hui l’heure et l’endroit où j’étais supposé être, et j’hochais la tête. M’emmerde celle-là. Je n’oublie jamais quelque chose. Finalement je la regardais partir. Et ca ne fut que lorsqu’elle était partie, que je me retournais vers Lucas. « Bon, tu veux quoi ? Tu veux quoi pour que tu abandonnes ton projet pour venir avec moi à ce mariage ? » Je ne pouvais pas le semer, maintenant qu’il savait le lieu, l’adresse et l’heure. Et vu qu’il n’avait pas arrêté de dire qu’il ne faisait rien gratuitement, je voulais entendre ce qu’il voulait.

Crystal & Lucas

Voilà qu’elle évoquait cette soirée pourrie passée dans cet hôtel miteux à pisser le sang durant des heures. Je restais impassible, les traits de mon visage n’exprimant qu’une totale neutralité. J’haussai alors négligemment les épaules. « Pour l’instant… » Je l’avais toujours épargné, c’est vrai. Acte très troublant d’ailleurs. Ce n’est pourtant pas les occasions qui m’avaient manquées. J’en avais eu l’opportunité à bien des reprises, tout particulièrement lors de notre rencontre, quand elle m’avait tendu son poignet et que je l’avais mordu. J’avais failli la tuer et pourtant… Et pourtant je m’étais arrêté avant.

J’avais visiblement bien réussi à toucher Crystal et à la mettre en colère. Son regard, ses gestes, ses battements de cœur… L’occasion s’était présentée, je n’allais tout de même la laisser passer. Voilà qu’elle se mettait à faire des promesses. Me planter un pieu dans le cœur. Hum quelle violence ! On ne lui avait jamais dit qu’il ne faut jamais faire des promesses quand on n’est pas sûr de les tenir ? « Tu ne le ferras pas. » la coupais-je alors plongeant mon regard dans le sien. Elle ne l’avait pas fait jusqu’à présent, ce qui d’ailleurs me laissait perplexe. Pourquoi attendre ? A quoi donc jouait-t-elle ? Elle m’avait laissé à plusieurs reprises partir notamment à la sortie de ce bar, après la virée sur la plage. Elle savait que j’allais m’en prendre à un autre, qu’il y aurait une victime dans la nuit voir même plusieurs et elle n’avait rien fait pour m’arrêter. Qu’est-ce-que j’avais pu me prendre la tête avec toutes ses questions que suscitaient Miss Anderson !

Sortant, je m’appuyais contre un de ses petits poteaux qui longeaient le trottoir prenant appui dessus. D’un geste de la main, je replaçais mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez attendant qu’elle me rejoigne, parce que c’est ce qu’elle allait faire. Ainsi, je ne la quittais pas du regard, jusqu’à ce qu’elle m’ait rejoint. « Le seul moyen pour que je ne t’accompagne pas serait que tu m’attaques là tout de suite et que tu me tues…Si bien évidemment tu y arrives… » Le ton que j’employais, faisait penser que je la sous-estimais, que je la prenais pour une débutante, une incapable. Or c’était loin d’être le cas, je me méfais d’elle et je restais prudent.

Mes yeux dans le sien, je ne le lâchais pas du regard. « Pousse-moi à bout et on verra si je ne le ferais pas. » Je ne voulais peut-être pas, mais je ne contrôlais pas toujours mes pulsions et une fois qu’on me poussait à bout, je perdais le contrôle sur moi-même… Alors allez savoir ce dont j’étais capable. Et à la suite des paroles de Lucas, j’essayais de rester indifférent. Après tout, ma soirée était déjà planifiée comme cauchemar, alors pourquoi ne pas y ajouter une graine du mal en plus ? Pourtant j’avais beau me persuader que ma soirée serait de toute manière un cauchemar, je ne le voulais pas là. Je ne pouvais pas le supporter, sa présence, son regard qui me détaille, son sourire… Car oh oui, il avait un de ses sourires. Le genre de sourire qui vous fait fondre, mais qui en même temps me donne l’envie de lui foutre une bonne gifle au visage. Car oui son sourire avait aussi quelque chose de détestable, comme ci il se moquait de vous en permanence. Et puis il y avait le ton de sa voix… Doux… mais remplit de sous-entendus, comme maintenant…. Rien dans le son de sa voix ne disait qu’il se moquait de moi. Pourtant c’était ce qu’il était en train de faire. Il faisait même pire, il m’invitait presque à déclencher une bagarre. J’observais les alentours… Pleine jour, dans une rue remplit de gens ? Non même si je l’aurais voulu, je ne pouvais pas. Approchant mon visage du sien. Je pense que je n’ai jamais rencontré un vampire qui avait tellement hâte de jouer avec la mort. Ah faut croire que l’éternité n’est pas si intéressante que ca… Approchant mon visage du sien. « Toi et moi dans une pièce sans spectateurs, et crois moi j’aurais le dessus sur toi. » J’étais trop sure de moi ? oh oui, totalement. Mais la vie est comme un jeu de poker, on n’arrête pas de bluffer, ignorant si on arrive à suivre ou si on doit abandonner.

Ce qui compte, ce n'est pas de disposer de bonnes ou de mauvaises cartes mais de savoir jouer avec les mauvaises. Et moi je pense que j’étais bonne joueuse. Le fait d’être toujours en vie le prouvait bien. Je n’avais aucun autre choix que d’aller à ce mariage en compagnie de Lucas. Je ne pouvais pas annuler et je ne pouvais surtout pas le laisser seule avec mes amis. Du coup… Grande surprise, je devais tourner cette situation dans mon avantage, espérant qu’il finit par abandonner de lui-même. Chose qui risquait de ne pas être facile. Car j’étais tenace, mais dans cette histoire, je n’étais pas la seule avec ce trait de caractère. Je changeais mon sac de main, mon regard le détaillait de bas en haut. « T’as entendu Sélène… on est attendu dans quatre heures. Et c’est au moins deux heures de route. Vu que j’ignore ou tu habites et que tu connais mon adresse, je te propose de venir chercher ta cavalière. A moins que tu veuilles la jouer à la moderne et me donner ton adresse ? » J’en doutais fort qu’il allait me donner son adresse. Il serait stupide de me donner son adresse. Une adresse à une prime ? Mmm non mauvaise idée. Mais je pouvais toujours tenter mon coup… après tout on ne sait jamais.

Quelques minutes plus tard, je rentrais dans mon appartement, jetait le sac sur mon lit et passais sous la douche. Il m’exaspère, j’ai envie de l’étrangler ce type. A quoi il voulait jouer ? A l’humain en costume qui vient chercher sa cavalière pour aller ensemble à un mariage ? Mais il se prenait pour qui ? *Mmm ce n’était pas ton plan de base… L’attirer vers toi ?* Certes certes, mais je n’aurais jamais cru que ca serait si difficile à supporter. Surtout que d’une manière ou d’une autre je perdais toujours ma lucidité avec lui. Chaque plan que je me faisais, je le changeais à la dernière minute, comme cette soirée dans cet hôtel abandonnée ou j’aurais du le tuer… Sans réellement m’en rendre compte, plus comme un mécanisme, j’étais sorti de la douche, j’avais enfilé cette robe, mit tout ce dont j’aurais pu avoir besoin dans le sac que Sélène m’avait conseillé et m’occupais de ma coiffure. Je savais qu’il n’allait à présent plus tarder. Et étrangement je me sentis excitée, comme ces filles qui vont à leur premier bal. *T’es ridicule*

Crystal & Lucas

« Quel caractère ! » Elle était tenace, je m’en étais rendu compte au fur à mesure que je la fréquentais. A bien y réfléchir, j’étais même capable de citer plusieurs des traits qui composaient son caractère de feu. Je pouvais même décrire certaines de ses petites manies qui étaient peut-être anodines pour elle mais que j’avais remarquées. Je ne parle même pas de la mélodie de son cœur. J’en connaissais bien les battements, pouvant même déceler ses émotions au travers de chaque variation de son rythme cardiaque. Par exemple à l’heure actuelle, son visage affichait une totale indifférence à ma venue à la petite soirée alors que son cœur lui m’indiquait à quel point elle était agacée. Ah croire que je l’observais trop, que je l’écoutais trop, que je lui prêtais trop d’attention… Pathétique ! Oh ça je l’étais devenu et j’en avais parfaitement consciente. Je ne me souviens même pas m’être intéressé autant à une personne depuis…depuis toujours. Bien sûr il y avait Isis mais ce n’était pas du tout pareil avec elle que ça ne l’était avec Crystal. Cette humaine me captivait totalement, j’en étais même arrivé à... Non non non ! Je m’arrête là, avant de dérailler davantage.

Je me décollais de contre ce poteau. Elle venait de se résigner à passer une soirée en ma compagnie. J’avais visiblement gagné cette partie. J’en souris du coin des lèvres, ravi de la tournure que prenaient les évènements. Quoi de mieux que de passer la soirée avec celle qui veut tant m’arracher mon cœur ? Dis comme ça …Il faut croire qu’il n’y avait pas que Crystal qui avait un grain, moi aussi je n’étais pas très net. Enfin, j’étais tout de même encore lucide alors quand elle émit l’idée que je lui donne mon adresse. Je pris place face à elle, un sourire toujours aussi léger trônant sur mon visage. « Je te l’aurais donné si éventuellement tu aurais souhaité te glisser dans mon lit pour faire autre chose que de me tuer… » Encore une fois, des sous entendu. « Je passerai te prendre. Sois prête. » Puis je passais près d’elle, ma main effleurant à peine la sienne, avant de m’éloigner en direction de ma voiture.

Le trajet jusqu’à mon appartement fut rapide malgré la circulation importante à cette heure de la journée. Une fois la porte d’entrée refermée derrière moi, je me dirigeais vers mon frigo où j’attrapais une poche de O positif que je vidais dans un verre. Buvant une gorgée, je laissais le verre dans la cuisine pour me rendre sous la douche. A ma sortie, j’enfilais un simple costume passant une cravate autour de mon cou sans l’attacher. Ayant mis la musique, je sifflais en rythme avec la mélodie diffusée actuellement. Je saisis mon verre que je terminais d’une traite ce coup-ci avant de le rincer et de le déposer dans l’évier. Puis, je nouais ma cravate, laissant le nœud très lâche, arrivant au niveau de mon sternum. Cela aurait pu faire débrailler, mais au contraire, ici, ça faisait juste détendu. Rien ne servait de le serrer tout de suite, le moment venu, je le ferrais. Puis, après avoir jeté un coup d’œil à ma montre, je me rendis compte que le temps s’était écoulé rapidement et qu’il était largement temps que j’y aille. Alors j’attrapais mes clés de voiture et celle de l’appartement que j’avais balancé à l’entrée tout à l’heure, avant de claquer la porte. Quelques minutes plus tard, je me trouvais devant chez Crystal. M’avançant vers l’immeuble où je l’avais vu rentré la dernière fois lorsque je l’avais ramené, mon doigt glissa le long d’une plaque où était indiqué le nom et le numéro de chaque locataire. Je m’arrêtais sur celui de Crystal arquant un sourcil en voyant qu’elle ne vivait pas seule. Rakel Peleanor était sa colocataire ? Sérieusement ? Génial, les deux jeunes femmes qui voulaient ma peau se trouvaient dans le même appartement ! Arrivé devant sa porte, je pressais le bouton de la sonnette se situant près de la porte. Je m’appuyais contre le mur juste en face de sa porte d’entrée attendant qu’elle daigne venir ouvrir…

* T’es stupide de donner ton adresse à un vampire…* Pas d’accord, de toute manière il aurait facilement pu savoir ou j’habitais. *raison pour lui faciliter la tâche ?* Oui ! A moins de vouloir qu’on y va chacun de son côté et de prendre le risque qu’il arrive avant moi et qu’il fait déjà un massacre…. Non merci ! Je n’avais pas d’autre choix. Je m’observais dans le miroir. Pourquoi j’avais toujours tendance à me foutre dans des histories ou je voyais à peine une issue? Je remis une mèche derrière mon oreille, lorsque j’entendis la sonnette. Cela ne pouvait qu’être Lucas. Je soupirais doucement… There we go ! Mais avant d’ouvrir la porte, je pris une feuille de papier et laissait un mot pour Rakel, avant d’ouvrir la porte. De connaissance je savais que les vampires n’avaient pas besoin d’être invités pour rentrer dans une demeure. Je laissais la porte ouverte, et me dirigeais vers le vestiaire pour me mettre quelque chose sur les épaules. Mais à l’attention de Lucas. « T’as pas intérêt de franchir le seuil de mon appartement ! » Oh non, sinon il n’allait même pas arriver jusqu’à sa voiture ! Une fois que j’avais trouvé une veste qui allait avec la robe, je prenais mes clés ainsi que mon sac à main et refermait la porte derrière moi. Ce ne fut qu’à ce moment-là que j’observais plus en détaille Lucas. Oui… pour un vampire il avait de la classe. Mais je ne voulais rien laisser paraître, du coup le seul compliment qu’il recevait était la suivante. « Si jamais ils font un James Bond en vampire tu peux aller te présenter… » Maintenant compliment ou pas, c’était lui qui le prenait de la manière dont il voulait.

Je le suivais jusqu’à sa voiture, et je restais silencieuse pendant le trajet. Pourtant le trajet allait être longue et me la jouer silence radio pendant deux heures… Mmm peu mon style. Du coup après environ une vingtaine de minutes de silence je finis par ouvrir ma bouche. « Dis moi, ta vie éternelle est tellement ennuyeuse que tu veux la pimenter en jouant au cavalier d’une prime ? » Il jouait avec le feu. Et honnêtement je ne comprenais pas pourquoi il allait jusqu’à venir avec moi à un mariage. D’habitude les hommes n’aiment pas vraiment se genre de chose. Surtout s’ils doivent se mettre en costume. Mais Lucas ne semblait pas avoir des problèmes avec ca. Ou alors le fait de pouvoir m’agacer valait la peine de se mettre sur son 31. Je gardais mon regard sur la route et subitement je me demandais pourquoi je ne l’attaquais pas. C’est vrai… Il était au volant et j’aurais plus facile à l’attaquer… Bon c’est quand même dangereux… Si la voiture finit par heurter un arbre, entre lui et moi, ca sera surement moi avec le plus de dégâts… Bon finalement pas. Je laissais un soupire s’échapper de mes lèvres, et j’observais la route. « Ah et tu ne dois pas te soucier pour moi. Le mariage a lieu près de plusieurs hôtels, alors je compte me louer une chambre. » Hors de question de refaire le même trajet dans sa compagnie… pas que c’est déplaisant… Mais non, avec le champagne et puis tout le vin.. Et puis deux heures de route… Pff non, pas envie d’être dans mon lit qu’à six heures du matin. Normalement oui, je serais revenue en voiture, taxi surement. Mais là… non je ne voulais pas. De un, je ne voulais pas qu’il rejoue encore une fois chauffeur… D’ailleurs il faisait ca plutôt bien. Et puis de deux non je ne voulais pas. C’était déjà assez terrible que j’étais dans la voiture d’un vampire !!!

Crystal & Lucas

A peine la retrouvais-je que déjà elle me menaçait. On ne lui avait donc jamais apprit à ne pas parler ainsi à un vampire ? J’aurai pu rapidement me débarasser de cette langue si dérangeante. Restant appuyé contre le mur, je m’étais uniquement contenté de lever mon regard pour la fixer. J’avais bien sûr fait glisser mes yeux sur sa robe et ses délicieuses formes jusqu’à venir à la rencontre de ses yeux. Cette robe longue cachait certes ses magnifiques jambes mais en même temps, elle mettait en valeur son corps de déesse. « Arrêtes l’hargneuse ! Si j’avais voulu franchir cette porte, tu ne m’aurais même pas vu passer. » Elle n’aurait senti qu’un très léger souffle. Avantage d’être un vampire : la rapidité et pour être rapide, ça je l’étais. En un battement de cils humain, un vampire avait le temps de parcourir une certaine distance. « Magnes toi au lieu de balancer des menaces totalement inutiles ! » Telle une statue de glace, mains dans les poches, je restais immobile durant plusieurs secondes avant de la voir revenir. Quand elle se tourna vers moi, fin prête, je souris, sourire qui s’agrandit suite à ce qu’elle venait de me dire. James Bond ? Après tout pourquoi pas, ça ressemblait plus à un compliment qu’à une de ses répliques cinglantes et menaçantes. « J’ai juste enfilé un smoking… Toi par contre, ça te changes ! Tu as du galérer à planquer tes joujoux sur toi… » Un nouveau coup d’œil vers sa robe. Les planques étaient en effet limitées et sa robe épousait tellement les formes de son corps qu’une arme aurait été facilement visible sous cette tenue.

Retournant à ma voiture, je la déverrouillai. Elle m’avait annoncé deux heures de route . On mettrait sans doute moins de temps, c’était même sûr. Tête appuyée contre mon appui tête, j’écoutais la musique silencieux. Elle allait forcément ouvrir la bouche à un moment ou à un autre. Quant elle le fit, je tournais ma tête dans sa direction. « Nop, je profite juste d’une certaine Prime pour me faire inviter à un fabuleux banquet ! Ca tombe bien je suis affamé ! » C’était faux, je ne l’étais pas, j’avais pris les devants lorsque j’étais rentré à mon appart. Une poche. Pas le meilleur qui soit. « A moins que cette même Prime sache m’occuper pour que je reste très sage. » A croire que je tenais à la provoquer encore un peu plus. Je jetais un coup d’œil à la route et enfonçais un peu plus la pédale de l’accélérateur. Alors je repris la parole pour parler de son amie cette fois-ci. « Tu l’as connais d’où cette Sélène ? Elle était une de tes camarades dans ton asile de fou ? » Je venais tout juste de baisser le volume alors qu’une musique rythmée avec une chanteuse beaucoup trop gueularde, hurlée ou lieu de chanter à la radio.

Puis elle aborda la fin de soirée alors qu’elle n’avait même pas commencé. J’haussai les épaules.« Vraiment et pourquoi ne rentres tu pas avec moi? Ma compagnie t’es totalement désagréable ou encore tu as peut-être peur de t’endormir durant le trajet et que j’en profite pour te mordre? » Mon regard venait de nouveau de se poser sur elle. « Je t’ai toujours dit que je ne te tuerais pas dans ton sommeil.Trop facile. »

Un rire honnête s’échappait de mes lèvres. C’est vrai qu’avec une telle tenue il est difficile de cacher une arme, ou encore un pieu. Même un couteau était limite. Mais il me sous-estimait. Oh oui, et c’est avec un petit sourire moqueur que je lui répondis. « On ne t’a jamais dit qu’il ne faut pas se fier aux apparences ? » Croyez le ou non, mais j’avais vite apprit à cacher des choses dans les endroits les plus incroyables. Et oui… il serait surprit de savoir combien de choses pouvaient lui être fatale. Et qu’il ne pouvait même pas voir, parce qu’il ne voit pas plus loin que son nez. Mais si il voulait tant savoir l’arme j’avais du la planquer dans le sac à main, pas d’autre choix. Mais j’avais des armes sur moi… Oh oui… et plus qu’un seul.

Dans la voiture, je lui lancais un sourire bien trop forcé, mais c’était le but. « Oh arrête… Toi et moi on sait que t’avais pas besoin de moi pour te faire inviter. Tes simples beaux yeux auraient suffit à te faire inviter n’ importe où.” Je venais de dire qu’il avait des beaux yeux ? Mmm non faut pas interpréter mes paroles à l’inverse. J’avais dit ca bah… bon euhm passons. Sage ? Il commençait à jouer avec le feu… Quand on me cherche, on me trouve trop facilement. Tournant ma tête vers lui, je souris doucement. « Oh mais je pense que je ne dirais même pas non pour t’occuper… » Je pouvais l’attacher à un lit, le torturer, chose que j’aurais du faire depuis longtemps, oh oui, l’occuper et l’achever. Aucun problème. Même si je sais qu’il ne pensait pas spécialement à une fin de soirée aussi tragique. Après tout, il aimait jouer. Il aimait jouer avec ces proies avant de les achever. Parcontre qu’il parle du centre ne me plaisait guère, mon regard le fusillait. Non je n’aimais pas vraiment parler de ce lieu, mauvais souvenirs. Et bon sang qu’est-ce que je tentais de me contrôler et de ne pas lui sauter à la gorge. « Non, et elle ne connaît pas mon passé, alors j’aimerais garder ca comme ca, si tu n’y voit pas d’inconvénient. » Je retournais mon regard vers la route. Pourquoi je ne le tuais donc pas ?

Je gardais mon regard rivé sur la route, même lorsqu’il me parlait de me mordre. Je souris doucement, et finis par tourner à moitié mon visage vers le sien. « Je t’ai déjà dit que je n’ai pas peur de toi, Lucas. « Je devrais, et d’ailleurs parfois il me faisait peur, mais c’était une réaction tout à fait humaine je pense. Face à un prédateur, car c’était ce qu’il était. Je regardais par le rétroviseur quelques secondes avant de retourner mon visage vers lui. D’une voix qui se voulait plus douce. « Mais si tu tiens tellement à savoir… « Je me penchais plus vers lui, alors que ma voix se fit de plus en plus silencieuse. « j’ai plutôt peur de me retrouver à l’autre bout du ton lit le lendemain suivant. » Et oui, encore une fois je mettais toute mes cartes dans le sac de la séduction. Quand je vous dit qu’il y a des armes bien plus puissantes et plus faciles à cacher. Mais d’un autre côté, je n’avais pas vraiment menti. J’avais peur de moi-même, de ne plus être moi-même dans sa présence, de me perdre. Et ca, c’était dangereux, très dangereux. Haine… Amour.. y a-t-il vraiment une différence ?

Crystal & Lucas

Les apparences…Elles étaient très souvent trompeuses c’est vrai. J’en étais la preuve. Un sourire adorable, un regard déroutant…Au premier abord, la plupart des gens me voyaient comme un humain aux allures de bad boy. Rien de plus. C’était la plus grande erreur qu’ils faisaient. Alors en effet, à première vue Crystal ne semblait pas beaucoup armé mais sait-on jamais. Ce ne serait pas la première fois où la jeune femme me surprendrait.

Alors que je conduisais, j’arquai un sourcil. Crystal Anderson venait-t-elle de me faire un compliment ? Avait-t-elle prit un coup sur la tête ou était-t-elle fiévreuse pour me sortir un compliment? Ce n’était pas le premier de la journée, enfin si on peut considérer le fait d’avoir une allure de James Bond comme un compliment. Mère nature mais surtout mon cher père qu’il avait passé l’arme à gauche depuis bien longtemps, m’avait en effet donné quelques avantages dont mon regard si expressif et d’un azur envoutant. « Peut-être bien mais je n’aurais pas été en si bonne compagnie. » En parlant de simples beaux yeux, ils se posèrent sur la jeune femme pour la énième fois d’ailleurs. C’était évident que je la draguais, en même temps, ce n’était pas la première et sans doute pas la dernière fois. Il n’y avait pas de meilleure compagnie qu’une belle Prime qui voulait me faire la peau parce que j’avais tué ses parents sous ses yeux, non ?

Je jouais, j’adorais jouer, tout particulièrement avec elle. J’avais été mis en garde à plusieurs reprises et j’avais très souvent entendu la fameuse phrase : à trop jouer avec le feu on finit par se brûler. Soit alors ainsi soit-t-il ! Je me brûlerai… « Et que me ferrais-tu ? » demandais-je avec une pointe de curiosité. Après tout, je devais m’attendre avec tout avec elle, elle était si imprévisible et changeante que pour essayer de deviner ses prochaines actions, c’était toujours très compliqué. Alors qu’on abordait la fameuse Sélène et son centre, elle se braqua aussitôt. Sujet sensible, ça par contre je le savais. Le centre et ses parents, c’était deux sujets extrêmement sensibles. « D’accord, ce secret ne sera pas révélé. Ca les mettrait sans doute mal à l’aise de savoir qu’une shizophrène traîne près d’eux. »

C’est vrai qu’elle n’était pas effrayé, la seule fois où j’avais senti sa peur, c’était avant que je le morde.« Je sais, ce qui est d’ailleurs assez étrange étant donné que j’ai bien failli te tuer il n’y a pas si longtemps que ça… » C’était une des choses qui me laissait perplexe. N’avait-t-elle développé absolument aucun instinct de survie pour ne pas fuir face à un prédateur ? Pourtant, elle savait de quoi j’étais capable, elle m’avait déjà vu à l’œuvre. Mais elle semblait penser qu’elle ne risquait rien en ma présence. Elle se trompait. Si l’envie me prenait de la tuer, je pouvais aisément le faire, sans même qu’elle ait le temps de se défendre. « Tu sembles être persuadé que je n’attaquerai pas à tout moment. D’où te viens toute cette confiance ? » Alors qu’elle regardait dans le rétro, je fis un aller retour entre la route et son visage, afin de vérifier qu’il n’y avait personne devant nous. Puis, mon regard s’attarda un instant sur ses lèvres pulpeuses et délicieusement rosées. A chaque fois qu’elle se rapprochait de moi, je pouvais sentir son parfum m’envahir totalement, son pouls chantonnant et …son délicieux sang parcourant son corps. Mon regard vint de nouveau à la rencontre du sien, angélique. « Peut-être que toi tu en meurs d’envie mais je n’ai jamais dit que j’avais envie de toi … » Taquineries encore et toujours. Il était évident que je la désirais, je ne le niais pas, à quoi bon ? Elle m’attirait telle une sirène vers le fond de l’océan. C’était rarissime qu’une personne soit placée au centre de mes pensées et pourtant il n’y avait pas un jour où je ne pense pas à la belle blondinette au visage d’ange…

J’haussais un sourcil. En si bonne compagnie ? C’était ce qu’il venait de dire ? Mouais encore une de ses manières pour me charmer. Je n’y prêtais donc pas plus attention que ca. Oh il voulait savoir ce que je lui ferais. Je tournais ma tête vers lui, un sourire amusé sur le visage. Il ne pensait quand même pas une seconde que j’allais lui dire le fond de ma pensée ? « Mmm, beaucoup de choses… Des choses dont tu n’as même pas idée que j’en suis capable. » Je laissais planer la phrase dans l’air, avant de tourner mon regard sur la route. Deux heures de route… Mmm ca fait long.

Par contre le sujet suivant était délicat… Trop délicat… je m’énervais. “Je ne suis pas schizo! Si je me suis retrouvée là, c’est à cause de toi et du fait qu’on ne m’a jamais dit que pour survivre dans ce monde il fallait mentir ! » J’étais instable, certes. Peut-etre même folle sur les bords. Mais en aucun cas avais-je des problèmes avec ma personne. J’étais Crystal Anderson point. Pas quelqu’un d’autre, juste moi, dans toutes les facettes complexes qu’était ma petite personne. Et puis pourquoi je parlais de ca avec lui, hein ? C’était un sujet dont je n’aimais pas parler, encore moins avec la cause de mon emprisonnement là-bas. Je n’avais pas été folle, simplement traumatisé par ce que j’avais vu.

Par la suite je tentais de retrouver mon calme. « Oui… c’est bien ce que je dis… T’as failli, mais tu ne l’as pas fait. » Oh je savais parfaitement ce dont il était capable. Mais je savais également que tant que je ne baisais pas ma garde, que je n’oubliais pas qui j’avais en face de moi, tant qu’il ne m’avait pas manipulé, il ne me tuerait pas. Il adore trop le jeu. Je l’avais observé longuement et puis j’avais eu pas mal d’informations aussi. Tant qu’on jouait et qu’il aimait le jeu, il continuera à jouer, voilà la raison pourquoi je n’avais pas peur. Et ah oui, aussi parce que j’avais à faire de ma vie. Je ne survivais que pour ma vengeance et si je meurs en voulant la compléter et bien ce n’est pas grave. Je souris doucement, d’où venait toute ma confiance ? « Le jeu, Lucas… T’adore jouer. Tu me tueras que lorsque le jeu commence à t’ennuyer ou si t’as gagné… Et le fait que tu sois là, à me conduire à un mariage, prouve bien que le jeu semble toujours t’intéresser. » Séduction et taquinerie, je souris, je n’étais pas aussi facile à déstabiliser. Mes yeux dans les siens. « Oh mais t’as pas besoin de dire un seul mot, ton regard est assez explicite… D’ailleurs je suis quasi sure que…» Mes lèvres se déposaient sur les siennes. Je savais qu’il n’allait pas me repousser, qu’il allait répondre à mon baiser, comme à chaque fois que nos lèvres rentraient en collision. Et lorsque je finis par briser le baiser, je terminais la phrase que j’avais laissée en suspense pour l’embrasser. « tu n’allais pas me repousser. »

On jouait à un jeu trop bien connu, le chat et la souris. Mais qui était le chat, qui était la souris ? Mmm difficile à dire. Je finis par me réinstaller sur le siège passager, mes mains sur mes genoux, comme ci de rien ne s’était passé. J’observais les plaques, les indications à suivre. La route semblait ne pas se terminer. Et j’avais toujours eu du mal à rester assise pendant des heures. J’avais besoin d’action, d’adrénaline, quelque chose pour m’occuper. « Tu peux pas pousser un peu plus sur le champignon ? Je suis sure que t’es un excellent chauffeur. » Les vampires ont des réflexes bien plus rapides que les humains, c’est connu. Alors aucune doute qu’il n’aurait pas du mal à esquiver quelconque obstacle sur la route, si jamais cela se présentait. Puis il avait aussi une vue plus fine que moi.

Crystal & Lucas

Je n’aurais pas d’autres renseignements en ce qui concerne ce qu’elle ferrait de mes mains. Parfait, je verrais donc une fois sur place ce dont elle était capable pour m’occuper. Je savais que je ne tirerais pas davantage d’informations là tout de suite. Quelle Têtue ! Par la suite, les traits de son visage changèrent. Colèrique mais tellement amusante ! « Ce n’est pas ce qu’il y a écrit dans ton dossier ? » J’avais consulté son dossier, c’est vrai. Je n’avais pas eu de problèmes à y accéder. Le rapport du psy à son entrée était intéressant. On l’avait enfermé parce qu’elle voyait des choses qui pour les humains n’existent pas. Et lorsqu’on mélange imaginaire et réel pour eux alors on est classé dans les schizo. « Enfant très perturbée. Parle de créatures irréelles. Ect ect… Je suis sûr que depuis tu as apprit à dire que les vampires n’existent pas quand ton psy te le demande. » Il est vrai que je ne m’étais plus beaucoup préoccupé d’elle durant toutes ses années. J’en avais presque oublié l’existence jusqu’à ce que je la voie se pointer. Elle n’avait pas oublié mon visage, je n’avais pas oublié le sien. Malgré qu’elle ait grandi, elle avait toujours cette belle crinière couleur or et ses jolis traits angéliques.

Jusqu’à présent, je dois bien avouer que je m’étais montré inoffensif avec elle. Etait-ce uniquement pour jouer ? J’essayais en tout cas de m’en persuader. Quand j’en aurais assez, alors je m’en débarrasserai, elle irait rejoindre ses parents chéris. Fin de l’histoire. Si seulement c’était si facile. Contrairement à ce que beaucoup de personne pensaient, je n’étais pas dénué de sentiments et voilà que ces derniers rentraient en jeu dans toute cette histoire, rendant la situation complexe. Cependant, quand je lui répondis, ma voix fut un mélange mielleux avec une pointe de menace. « Ca, ca peut toujours changer, je n’y vois absolument aucun inconvénient. »

Joueur, moi ? Je ne pouvais pas le nier, j’aimais jouer avec mes proies et futures victimes. Ses paroles me firent comprendre combien elle pouvait me connaître. Les humains étaient pour moi ni plus ni moins que des pantins entre mes doigts et lorsqu’ils ne m’intéressaient plus, alors je les tuais.

Si mon cœur avait encore été capable de battre, c’est avec un rythme bien plus soutenu qu’il aurait tambouriné dans ma poitrine alors que ses lèvres se rapprochaient des miennes. Je ne bougeais pas, continuant de la fixer jusqu’à ce que nos lèvres se rencontrent dans un baiser doux et léger. Il était loin d’être le même que la dernière fois dans cette ruelle déserte. Aujourd’hui, je n’étais pas affamé et je faisais preuve d’une certaine prudence en le prolongeant. Je ne devais pas me faire piéger par mes émotions, par l’effet qu’elle pouvait me faire à chaque fois qu’elle était proche de moi. Lorsqu’elle y mit fin, je fus presque déçu qu’elle s’éloigne de moi. Je n’en dis point un mot, esquissant un léger sourire. « Qui est le plus joueur entre nous deux ma belle ? »


Je regardais en direction du compteur lorsqu’elle me demanda d’appuyer sur le champignon. Nous roulions déjà assez vite, mais visiblement pas assez pour elle. Haussant alors légèrement les épaules, je la prévins d’une seule et unique chose : « Comme tu voudras, mais ne te plains pas si arrivé à destination tu vomis tripes et boyaux. D’ailleurs tu seras mignonne d’épargner ma voiture. » N’étais-je pas attentionné ? Moi qui pensais à son joli petit ventre et au fait que si j’accélérais davantage elle ne finirait pas avoir des nausées. M’enfin soit. Elle voulait que j’accélère, ce n’était pas de refus. La vitesse ne me posait pas de problèmes, j’avais les réflexes qui allaient avec. L’aiguille qui était environ au milieu du cadran bascula rapidement sur la droite, les kilomètres/heures défilant à toute vitesse. On fleurtait déjà avec la partie rouge du compteur. Le paysage qui auraient du défiler à toute allure pour un œil humain, paraissait toujours aussi clair et net pour moi. Je restais silencieux durant quelques minutes, fixant la route, pensif. Je réfléchissais à cette situation. Je jouais peut-être mais elle que faisait-t-elle ? Pourquoi rentrait-t-elle dans mon jeu ? Pourquoi était-t-elle si longue à passer à l’attaque, à faire ce qu’elle rêvait de faire depuis qu’elle était toute gamine ? Elle rêvait de vengeance… Qui dit vengeance dit souffrance. « Tu sais que toute cette histoire risque de mal se finir… Si tu tiens à me faire souffrir, saches que c’est loin d’être gagné d’avance. » Je ne la regardais pas, restant à observer la route.

Ainsi donc il avait lu mon dossier…. Je lui jetais un regard noir. « Il y a beaucoup de choses que j’ai apprit à ne pas dire. » Il n’y avait pas meilleure école pour manipuler et jouer la comédie. Si on veut sortir de là, il faut croire aux mensonges, il faut faire croire les autres en nos mensonges, de tout notre cœur, y mettre toute notre âme sans faire de trop au risque de se faire attraper. Et si je me retrouvais devant lui, ce n’était surement pas parce que j’avais insisté sur le fait que les vampires existent.

On jouait et il répondit à mon baiser, doucement, chose qui doucement me fit sourire. Oh oui, on était des joueurs. Qui l’était le plus entre nous deux ? Mmm je ne saurais le dire. « Faut dire que j’ai eu un très bon exemple à suivre là-dessus. » Je faisais référence à lui. Après tout, à l’observer, à le voir jouer avec mes parents, car c’était ce qu’il avait fait, il était devenue une référence dans la matière de jouer. Je ne tardais pas à me remettre dans le siège, lui demandant d’accélérer un peu. Je ne voulais pas rester une éternité dans cette voiture. Je souris doucement. Je n’avais pas peur de la vitesse, j’aimais eu. J’adorais l’adrénaline. Au moins c’est dans des moments pareils qu’on se sent réellement en vie. Quand à mon estomac… Si je n’avais pas vomi en voyant mes propres parents se faire massacrer, je n’allais pas vomir mes tripes en me retrouvant dans une voiture rapide. « J’ai l’estomac solide, t’en fais pas pour moi. »

Mon regard, restait fixé sur lui, alors que la voiture allait de plus en plus vite. J’étais consciente que si il voulait il pourrait me tuer, rien qu’en envoyant la voiture dans un arbre. Mais ca ne serait pas du jeu, ca ne serait pas aussi amusé que si j’étais dans ses bras et qu’il pouvait gouter à mon sang. « Cette histoire se terminera de tout façon très mal. » Et je n’avais pas peur. Le pire qui pouvait m’arriver, c’est de perdre et de mourir. Et au fond est-ce que la mort n’était pas un doux soulagement à cette vie infernale que je vivais depuis toujours ? Combien de chance j’avais de survivre ? Une sur deux, même pas. Il était plus fort, plus rapide, plus vieux… Donc oui, mes chances étaient minimes. Mais c’était sans importance. Dans ce jeu ma survie n’était pas ma priorité. Raison pourquoi je ne ressentais pas réellement la peur quand j’étais près de lui. A moins que ca soit du à autre chose ? A la suite de ses paroles je riais. Ah ces vampires toujours à parler de mort et de souffrance. Mon regard sur lui, j’observais chaque trait de son visage. « Mon dieu vous les vampires vous n’avez que ca pour faire la conversation. Souffrance et mort…. Et dire que je pensais que vous aviez plus de sujets de conversations que les humains… pfff quelle déception. » Je souris, mon regard se posait un bref instant sur la route avant de se reposer sur le vampire près de moi. « J’aurais pu te faire souffrir, te torturer, si tu te souviens… Et pourtant j’ai préféré souffrir à ta place. » Arrivé à destination, j’attendis qu’il se gare, avant de me tourner vers lui. « Tu ne connais pas la réelle signification du mot souffrir, Lucas. »

Sortant de la voiture. L'homme est le plus cruel de tous les animaux, il est le seul capable d'infliger une douleur à ses congénères sans autres motif que le plaisir. Mais on avait tendance à oublier quelques petits détailles. Dans la société, les femmes sont considérées comme le « sexe faible » certes. Mais dans la nature l’espèce féminine peut être bien plus féroce que leurs homologues masculins. Et la réelle souffrance ne se trouvait pas dans la douleur physique ou encore émotionnelle, c’était un stade, un cercle vicieux dont on n’arrive pas à se sortir. Beau se débattre, chaque tentation d’échapper à cette souffrance nous pousse encore plus profond. Non Lucas… Tu ne connais pas ce mot. Mais ne t’en fais pas, je te l’apprendrais. Au fond entre lui et moi… Je ne savais pas qui je détestais le plus. Lui ou moi ? Lui pour ce qu’il était pour ce qu’il m’avait fait. Et moi, parce que j’étais loin d’être la fille que mes parents auraient voulu que je sois. Au lieu de ca, j’étais une menteuse, une manipulatrice qui faisait tout pour arriver à ses fins. Et je n’aimais pas cette personne que j’étais devenu et qui s’empirait chaque pas de plus vers cette vengeance.

J’attendis de le voir apparaître à mes côtés pour lui prendre le bras. Lui murmurant doucement. « Tu peux toujours reprendre le volant et t’en aller, dernière chance de t’échapper à une soirée longue, ennuyeuse et remplit de gens que tu ne voudrais même pas mordre… »

Crystal & Lucas

Je ne relevais pas le sujet davantage. Elle avait eu une enfance totalement différente des petites filles de son âge. Je savais lorsque je l’avais laissé en vie, qu’elle serait différente des autres en grandissant, que cet évènement aurait un impact et se répercuterait sur sa vie entière. Elle n’aurait jamais une vie comme les autres. Elle était marquée et le resterait éternellement.

Ne dit-on pas que pour jouer il faut être au minimum deux ? Je savais qu’elle jouait et qu’elle y prenait même du plaisir. Elle connaissait ses atouts et avait apprit à s’en servir à la perfection. Elle faisait tout pour atteindre mes sens, les rendant fous, ne serait-ce quand se rapprochant de moi. C’était d’autant plus difficile à présent que je connaissais la saveur si délicieuse de son sang. A chaque fois qu’elle était proche de moi, j’avais la sensation perpétuelle d’en avoir une goutte sur la langue. Un novice n’aurait jamais tenu près d’elle. C’est sans aucun doute l’expérience qui me permettait de ne pas céder à mes envies. « Vraiment ? Je me demande bien qui est ce si bon exemple… » Un sourire malicieux naquit au coin de mes lèvres. Oh je n’étais pas un bon exemple à suivre, jamais, pour rien du tout. Nathan l’aurait confirmé, lui qui me connaissait depuis des années, qui avait grandi avec moi. J’étais toujours le premier à vouloir faire des bêtises, à vouloir m’amuser. Forcément que j’avais accepté la proposition d’Isis à l’époque. Oh je n’avais pas toujours eu l’âme d’un tueur, mais le prédateur avait prit le dessus, exacerbant cette envie de jouer.

Elle n’aurait jamais du venir ici, à ma rencontre. Bien sûr que cette histoire n’aurait pas de happy end, et ce pour nous deux. Je posais ma tête contre la vitre froide. Je n’avais pas besoin de tourner ma tête dans sa direction pour voir qu’elle m’observait depuis un petit moment. Je pouvais sentir son regard sur moi. L’écoutant rire, je ne décrochais cependant mes yeux glacials de la route. Mes doigts avaient reprit la vieille habitude de tapoter le volant. Les vampires n’avaient pas que ça comme conversation, non… Je gardais le silence, les secondes s’étirèrent en longueur pour finalement devenir de longues minutes. « Tu m’intrigues, c’est tout… » Dis-je sincère. Elle voulait que je me torture l’esprit avec un milliard de questions. Ca faisait partie du jeu. Je le savais. En général, je parvenais à cerner les gens, tout particulièrement les humains, si prévisible. Mais elle, elle était telle une girouette, changeant de sens en permanence. « Tu es tellement différente des autres, de toutes les autres… » Je soupirai avant de la regarder, chose que je n’avais pas fait depuis un petit moment. Je savais qu’on arrivait à destination. J’appuyais sur la pédale de frein, laissant la voiture glisser sur la chaussée durant de plusieurs mètres avant de braquer le volant afin qu’elle fasse un demi-tour sur route. Quand elle s’arrêta, je passais la marche arrière, et me glissais entre deux voitures. Une fois le moteur coupé, je saisis les clés. « C’est vrai, parce que j’ai toujours su m’en préserver. » Il ne faut pas croire que tout était toujours rose mais j’avais apprit à m’auto préserver tout seul comme un grand, bâtissant une sacré bulle de protection autour de moi où peu de monde pouvaient y pénétrer. Je n’étais cependant pas infaillible, mais pour me faire souffrir, il fallait se lever de bonne heure. Je sortis alors du véhicule le contournant pour la rejoindre.

Voilà qu’elle me proposait déjà de prendre la fuite alors que la soirée ne faisait que débuter. Je lui adressais un doux sourire avant de répliquer.« Il y a au moins une personne dans cette soirée qui ne sera pas ennuyeuse et que je voudrais mordre… »

Oui, je savais que je l’intriguais, qu’il ne comprenait pas la moitié de mes gestes et qu’il n’arrivait pas à capter mes actions qui allaient suivre. Et cela jouait dans mon avantage. Lorsqu’il disait que j’étais différente des autres, je l’observais doucement. J’avais du mal à saisir le sens de sa phrase. Différentes de toutes les autres… C’était une bonne ou une mauvaise chose ? J’avais tendance à voir ca d’un bon œil. Même quasi comme un compliment. Et je n’entendis pas du sarcasme dans sa voix, ni de l’ironie. Ce qui me fit donc dire qu’il était sincère et que pour une fois il n’avait pas d’arrière pensée en disant ca. « Je pense que je vais prendre ca comme un compliment. » Différente… oui, je l’étais probablement. Mon regard tourné vers la route, on finit par arriver. Se préserver de la douleur… mmm c’est une chose qui ne dure pas éternellement. C’est comme dire qu’on se protège de tomber amoureux, alors qu’au fond on ne peut pas créer des barrières qui arrêtent l’amour. Telle une flèche cela vous pénètre et vous infecte…

Sortant de la voiture, je le pris par le bras avant de sourire. Je m’étais attendu à cette réplique. Attention Lucas tu deviens prévisible. « T’es sure que je ne peux pas être quelqu’un d’ennuyeux ? » Nous entrons dans la grande salle, et je ne tardais pas à choper deux verres de champagne. Autant profiter de ce qu’on nous offre non ? Donnant un verre à Lucas, je levais mon verre vers lui. « Alors… on trinque à quoi ? »[ /b] Par la suite, je laissais doucement couler le champagne dans ma gorge avant d’examiner le monde, les lieux. Oh bon sang… bien trop de paillettes à mon gout. Ce n’était pas un mariage humain, c’était un mariage de princesses de Disney ! [b] « Pourquoi je ne me suis jamais senti à l’aise dans ce genre de monde ? » Mais c’était plus une réflexion à moi-même qu’une réelle question. J’observais les gens, leurs tenues, leurs coiffeurs, leurs maquillage souvent trop osé. Non jamais je m’étais senti chez moi. Est-ce que c’était du parce que je n’avais pas eu une réelle intégration lorsque j’étais gamine et même adolescente, que j’avais été enfermé trop longtemps ? Ou est-ce que c’était quelque chose de plus profond. Est-ce que c’était tout simplement dans ma nature ? « Je te parie ce que tu veux, qu’à la fin de la soirée, la vieille près du bar viendrait te demander une danse ! » Cette vieille peau semblait déjà être en pleine chasse, comme elle déshabillait Lucas du regard. Je tournais mon regard vers Lucas amusé. Finalement oui, peut-être que cette soirée pourrait encore me plaire, et même sa compagnie… Ah non !! Vampire vampire !! Je ne pouvais pas aimer sa compagnie ! Impossible. Détournant mon regard de lui, j’observais à nouveau la foule. Bon et maintenant quo…. On était censés faire quoi ? « Je t’ai dit que c’est le tout premier mariage auquel j’assiste… » En d’autre mots, on doit faire quoi ? Oui, parfois je ne captais pas toutes les habitudes, les traditions, les valeurs des gens. Qu’est-ce qu’on faisait pendant un baptême ? Pendant un mariage ? Aucune idée, c’était nouveau pour moi. Et de ce fait, monsieur cultivé à côté de moi serais plus au courant que moi et me serais d’une plus grande aide.

Mon regard s’attardait sur l’orchestre. « Oh misère… Voila que je vais rester cloitré à ma chaise pour le reste de la soirée… Moi qui ne connaît que les danses ‘actuelles’, c'est-à-dire bouger mes hanches sur la musique…. Et là, je suis sure qu’on aurait plus le droit à danser des je ne sais pas quoi comme danse… Super… Je tournais ma tête vers la sortie. Et si je m’échappais déjà d’ici ? Mmm peut-etre trop tôt. Je n’avais même pas encore félicité la mariée.

Crystal & Lucas

« Sûr et Certain… » Elle ennuyeuse ? Elle ne l’avait pas été jusque là en tout cas. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle le soit ce soir. J’étais même persuadé qu’elle tout comme moi allions passer une agréable soirée. Lorsqu’on pénétra dans la salle, aussitôt mon regard parcourut la pièce. La décoration n’était pas vraiment géniale mais bon si ça plaisait aux mariés c’est eux qui se le voyaient après tout. Je posais mes yeux sur Crystal qui me tendait un verre. Elle était magnifique en cette soirée. Ma vision affutée me permettait de voir des petits détails comme les paillettes et l’éclairage lumière reflétant très légèrement sur sa peau et sa robe créant mille éclats colorés. Magnifique. Je souris légèrement puis la remerciais. A sa question, j’haussais légèrement les épaules. A quoi pourrions-nous trinquer ? « A cette soirée… » D’accord c’était tout simple, je n’avais même pas rajouté de l’ironie ou de la provocation. J’aurais pourtant pu mais je ne l’avais pas fait. Portant la flûte à mes lèvres je pris une gorgée, laissant les bulles pétiller un bref instant dans ma bouche avant de déglutir. Délicieux, légèrement fruité, doux et frais.

Elle se sentait différente, ne venais-je pas de lui dire qu’elle l’était ? Elle savait des choses que tous les humains dans cette salle ignoraient. Elle connaissait l’existence de créatures surnaturelles, elle avait vécu des évènements que jamais personne n’avait vécu. Ce sont nos expériences qui font de nous ce que l’on est. Mais ce n’est pas tout. Bien d’autres choses la rendaient spéciale. Je sais, le mot chose n’est pas très spécifique, mais quoi mettre derrière ce mot ? C’était un tout qui la rendait exceptionnelle. Je le remarquais un peu plus à chacune de nos rencontres. « Comme je te l’ai dit tout à l’heure… tu es différente, tu l’as toujours été » Ma voix douce, venait de murmurer ses quelques mots à son oreille avant de m’éloigner pour déposer ma flûte de champagne sur une table.

Je jetais un coup d’œil en direction de la personne dont elle me parlait. Voilà une chose que je ne connaitrais jamais et j’en étais bien content. La vieillesse et ses délicieux atouts : la peau qui pend, les rides, les cheveux blancs, les muscles qui s’atrophient, les mouvements qui deviennent limités. Bref que du bonheur ! Je me retournais aussitôt vers la blondinette, un air adorable et angélique trônant sur mon visage. « Tu oserais partager ton cavalier ? Qui plus est avec une Cougar ? » Enfin, Cougar… Pas vraiment. Elle n’était pas plus âgée que moi, j’avais sans aucun doute le double voir même le triple de son âge.

Je m’appuyais contre le buffet, observant à mon tour la jeune femme. A quoi donc était-t-elle en train de penser ? Elle avait l’air pensive, à regarder les gens qui l’entourait. Finalement je souris quand elle prit la parole. Il y a un début à tout. « Tu n’as rien loupé alors. Enfin, ça a tout de même évolué en plusieurs décennies. Aujourd’hui tu te maries lorsque tu es amoureux enfin que tu crois l’être… » Je n’avais jamais vraiment aimé les mariages. Peut-être parce qu’à l’époque, mes parents m’avaient bassiné pour que je me marie. On avait rarement le choix et on ne choisissait que rarement la femme que l’on épousait. Elle nous était désignée et on était censé obéir, être un bon fils, se marier et fermer sa gueule. Tout ce que je n’étais pas.

Je lui adressais un sourire charmeur et adorable alors que je lui tendais la main en guise de demande. « Danses avec moi, Crystal… » Elle ne pouvait pas refuser, particulièrement lorsque je la regardais avec mes jolis yeux de cocker…

« A cette soirée. » Je touchais son verre avec le mien, tout en le regardant dans les yeux en buvant une première gorgée. Finalement mon regard parcourait cette salle. Je ne m’y sentais pas à l’aise. Etrange, pourtant j’étais bonne comédienne, j’avais connu des endroits bien plus pires qu’une simple salle… Ah je ne sais pas. Je pense qu’au fond je n’aimais pas trop la foule. Et lorsque j’entendis les murmures de Lucas à mon oreille, mon regard allait immédiatement à la rencontre du sien. « Et c’est une bonne chose ? » Etre différent des autres…Est-ce que c’était une bonne chose, ou est-ce qu’en fin de compte cela faisait de nous un petit rejeton de la société ? Est-ce que cela faisait de nous un personnage secondaire ou encore tout simplement une personne qui n’a pas sa place dans ce monde, censé vivre une vie plus solitaire que tout le reste. Parce qu’on sait qu’au fond on peut essayer d’appartenir à un monde, on n’y sera jamais à sa place ? Ah assez de psycho et de philo pour ce soir. Mon regard s’attardait sur une femme plus âgée, qui était en train de reluquer Lucas. Mais c’est qu’il en a de la chance !

Si j’osais partager mon cavalier ? Je le regardais tout en souriant. « Si cela veut dire voir ton regard crispé et mal à l’aise lorsqu’elle poserait tes mains sur tes fesses en dansant, je dis oui ! » Je riais doucement avant de tourner mon regard vers la piste de danse, avouant que c’était bien la première fois que j’assistais à ce genre de choses.

Je n’avais rien perdu? Mmm dit le vampire qui a l’éternité devant lui et qui participe, je suis sure à toutes les expériences que la vie pouvait lui offrir. Le contraire aurait été stupide. Avoir l’éternité et ne rien en faire. Note que moi je ne saurais surement pas quoi faire de toutes ces années. Mon regard s’attardait sur la piste de danse et sur… l’orchestre… Pitié, il faut vraiment que je me trouve des autres amis, même encore qui aiment le punk ou le rap. Tout mais pas ca… Déjà qu’il y avait trop de bling bling, mais en plus fallait qu’on plonge dans un thème princesse Sisi… Ralala et alors c’est moi qu’on traite de folle hein. Puis Lucas, finit par me proposer sa main et de me demander de danser avec lui. Rien que le son de sa voix, cette demande…. Je ne sais pas.... c’était un étrange sentiment qui m’envahissait tout à coup. C’était rare de ne pas voir de l’ironie dans ses yeux, ni d’en entendre dans sa voix. Je le regardais un court instant dans les yeux, avant de poser mon regard sur sa main pour retourner sur son regard. « Je ne suis pas très sure que ca soit une bonne idée… » Il ne m’avait pas entendu lui dire que je ne savais pas danser sur ce genre de musique ? Mais comment refuser quoi ce soit à un tel regard…. Voila ou se trouvait le problème. Ma main avait déjà glissé dans la sien, alors que je me levais, à contre cœur. Et alors que je le suivais vers la piste de danse, je murmurais. « Si je te marches sur les pieds tu ne pourrais pas dire que je t’ai pas prévenue. » Bah non, je ne rigolais pas quand je disais que je n’allais pas danser. D’ailleurs qu’est-ce que je foutais sur cette piste ? Comment j’avais pu me lever de ma chaise et le suivre ? Ah oui… son regard… Regard bleu ou il était tellement facile de s’y perdre… Ou j’étais d’ailleurs en ce moment précis en train de me perdre dedans ...

Crystal & Lucas

« Tu dois le savoir mieux que moi mais si tu tiens à avoir mon avis ca peut être une bonne chose comme une mauvaise… » Si elle avait été des plus banales, je ne l’aurais peut-être même pas remarqué. Mon regard avait cependant été attiré par elle, par ce regard, par ce visage, doux ange tombé du ciel. Du moins en apparence et comme elle l’avait dit tout à l’heure, elles étaient souvent trompeuses. Depuis des années, le fait qu’elle soit différente lui avait permis de survivre en ma présence. Cependant, cela avait des conséquences peut-être négative sur elle et sa vie dans la société.

Je pris un air faussement choqué et offensé à la suite de ses paroles. Elle se serait donc régalée du spectacle et aurait bien ri ? « Tu es vraiment méchante ! » Je croisais mes bras sur mon torse une mine boudeuse à présent sur le visage. Je ne comptais pas danser avec qui que ce soit d’autre que Crystal. Quoi que, peut-être ferrai-je une exception avec une des amies de Crystal pour faire enrager la Prime. M’enfin de toute façon j’en avais pas l’intention tout de suite. Quant à cette vieille femme, je comptais bien la congédier avec tact et délicatesse évidemment.

A présent main tendue vers la blondinette, je ne la quittais pas du regard alors qu’elle faisait un va-et-vient entre ma main et mes yeux qui la fixaient toujours aussi intensément. L’orchestre avait débuté un morceau de valse, chose peu fréquente pour un XXI siècle. Lorsque je n’étais qu’un humain, la valse se dansait très fréquemment et tout le monde en connaissait chaque mouvement. « Pourquoi ? Me dis pas que tu as peur d’être ridicule ? » Elle ne le serait pas, je m’en assurerai. Qui plus est, je l’avais déjà vu danser, sur des musiques bien plus rythmées et elle bougeait merveilleusement bien. Avec la valse c’était pareil. Il suffisait de se laisser porter par la musique. « Mes pieds devraient amplement supporter que tu les maltraites. Et s’ils deviennent tout rouge par ta faute sache qu’un massage conviendra parfaitement pour y remédier… » Un sourire se forma au coin de mes lèvres Désormais sur la piste de danse, je conservais sa main dans la mienne la rapprochant de moi jusqu’à ce qu’une faible distance sépare nos deux corps. Nos mains jointes se posèrent au bas de ma nuque avant que mes doigts parcourent son échine pour s’arrêter au creu de ses reins. Déjà mon autre main cherchait la sienne lui offrant un socle solide. J’affichais un doux sourire en voyant qu’elle me fixait ainsi se demandant sans doute qu’est-ce-qu’elle devait faire maintenant. Oh j’avais ma petite idée mais cela allait lui demander de se fier à moi. Pas sûr qu’elle soit en accord avec ça. « Fermes les yeux… » Ma voix était qu’un doux murmure lui aussi, envoutant et séducteur tandis que je la regardais dans l’attente qu’elle ferme ses paupières.

« T’es toujours d’une grande aide hein. » Il ne répondit pas à ma question. Autant dire oui et non dans la même phrase, cela serait revenu à la même chose. Mais oui, je le comprenais pourtant. Si je n’étais pas si différente que les autres, jamais il aurait encore été là, à continuer ce jeu. Je serais surement déjà morte à l’heure qu’il est. Mais d’un autre côté, ne pas être banale m’empêchait d’avoir une vie ‘normale’. Mais je ne m’étais jamais plaint, au fond je ne m’étais jamais réellement poser la question. Tout ce qui comptait se trouvait devant mes yeux, le reste, futile.

Moi méchante ? Je riais en le voyant bouder telle un gosse de cinq ans. M’approchant un peu plus de lui, je ne pouvais m’empêcher de souffler. « Mais avoue que t’adores ca. » C’était sans contestation, il aimait mes répliques, les tiques qu’on se donnait à chaque fois. Et pour une fois je m’étais approché, je lui avais soufflé d’une manière sensuelle, sans pourtant jouer avec lui. Non, pour une fois je ne tentais même pas de la charmer, c’était quasi comme une réaction naturelle à l’air qu’il avait prit et à ses paroles. Pour une fois, je n’avais pas d’arrière pensée. Et c’était rare, car d’habitude je n’agissais autour de lui que pour le descendre pas par pas.

Je m’étais laissé conduire jusqu’à la piste de danse. Peur du ridicule ? Oh non, je préfère qu’on me trouve ridicule que folle. Mais j’étais quand même fortement mal à l’aise en m’avançant vers cette piste de danse et à l’idée de danser sur cette musique. Stupide, je n’avais pas peur d’affronter la mort, de me battre avec des lycans et des vampires, mais j’avais peur d’une valse… Vraiment je n’étais pas du tout normale. Cependant je n’arrivais pas vraiment à formuler une réponse à la question de Lucas. Pourquoi pas au finale ? Je ne sais pas d’où venait cette peur, peur de ne pas être à la hauteur ? Qu’on me regarde de trop ? Qu’on me juge… Tout ca je m’en étais toujours bien foutu… Alors cela ne pouvait pas être ca ? Mais quoi ? Peur de me ridiculiser devant lui ? Mmm je n’en sais rien. Arrivé sur la piste de danse je le laissais prendre une position qui demandait ce genre de danse, alors que mon regard ne le quittait pas des yeux. C’était quoi le petit jeu qu’il comptait jouer là ? Mais à ses paroles, je me repris un peu en main, souriante, réplique déjà toute faite. « Ne t’en fais pas, je suis sur que la cougarde de tantôt sera prêt à tout, même à te masser les pieds. »

Je le regardais, hésitante. Fermer les yeux… Nan trop dangereux. Même si on était dans une salle bien peuplé, je ne pouvais pas permettre de baiser ma garde. Je savais qu’il voulait trop mon sang… Mais d’un autre côté, il avait toujours su se retenir. Il avait même finit par prendre la fuite lorsqu’il perdait le contrôle de soi… Alors je finis par fermer les yeux, non sans un signe d’impatience. Je n’aimais pas me retrouver dans le noir, ne pas savoir ce qu’il allait faire. Et surtout je ne savais pas ce qu’il comptait faire. Est-ce qu’on ne devrait pas déjà être en train de bouger sur la musique ? Pourquoi voulait-il que je ferme les yeux, alors qu’on est supposé danser ? Et pourquoi je le faisais ? Parfois je ne me comprenais vraiment pas…

Crystal & Lucas

« Toujours, je sais. » Je ne l’aidais pas beaucoup à travers cette réponse j’en étais conscient. En même temps, j’avais répondu globalement à la question. Il y avait toujours des côtés positifs et négatifs à se démarquer, à être différent, à se sentir différent des autres. Elle devait parfois penser qu’elle était unique en son genre et elle l’était mais cela devait se ressentir quant à ses relations sociales. J’eus un léger mouvement d’épaules, elle voulait un avis plus précis de ma part, en ce qui me concerne, soit. « Le fait que tu sois différente des autres est une chose que j’apprécie chez toi… » Attention Lucas, voilà que tu commences presque à devenir sentimental. L’effet Anderson sans aucun doute. Cependant, Crystal n’était pas censée savoir que mes paroles étaient sincères, après tout, ce n’est pas la première fois que je lui faisais un compliment, à elle de l’interpréter comme elle le voulait.

J’avais conscience qu’à l’heure actuelle, mon visage avait prit des traits enfantins tandis que je boudais, sourcils froncés, renfrogné. Je sentis son odeur m’envahir davantage, signe qu’elle se rapprochait de moi. « Un vrai démon sous ses traits si angéliques… » Elle ne comptait tout de même pas à ce que j’avoue quoi que ce soit n’est-ce-pas ?

C’était vraiment original d’avoir une valse au beau milieu d’un mariage. Enfin, en même temps, avec le thème « Princesse Sissi », il fallait forcément s’attendre à ce genre de danse. Autour de nous, quelques couples avaient commencé à tournoyer, je n’y portais pas d’attention, il n’y avait qu’elle et moi. Cependant j’aurai été capable d’agir si un couple se dirigeait vers nous, et s’apprêtait à nous bousculer, une sorte d’instinct et de réflexe. Face à sa répartie, je conservais un sourire. Crystal avait toujours eu un don pour trouver des répliques. « Je peux aussi demander à une de tes amies, je ne te garantis pas cependant d’être aussi sage qu’avec toi ». Je lui avais bien précisé dans la voiture que je serais sage si elle m’occupait, j’avais bien précisé Elle et uniquement Elle. C’était elle qui m’interessait et personne d’autre.

Face à ma demande, je savais qu’elle aurait quelques hésitations. Elle était cependant joueuse et aimait le danger. Un sourire trôna sur mon visage, acte qu’elle ne put voir, ayant fermé les yeux. Mon visage se rapprocha du sien jusqu’à ce que mes lèvres soient proches des siennes sans pour autant les toucher, ni même les effleurer. Elle pouvait cependant sentir à quel point j’étais proche d’elle. « Laisses toi aller… » Quelques mots prononçaient à voix basse. Mon pied avança légèrement, obligeant le sien, parallèle au mien, à reculer. Mes mains placées à différents endroits sur son corps permettaient de la guider à chaque pas.

Mon caractère… Ma vie… Perso je commençais à me dire que c’était ce caractère qui allait finir par me perdre. Si ce n’était déjà pas le cas. Y avait qu’à voir tous les problèmes que j’avais réussi à m’attirer. Problèmes dans lequel Lucas n’était pour rien. Mon besoin de sentir le danger, l’adrénaline, les sensations fortes m’avait amené dans une histoire d’amour, ou plutôt de passion qui n’était rien d’autre qu’un cercle vicieux, ou je pensais pourtant avoir réussi à m’en sortir. Mais le passé nous rattrape, on doit tous faire face à nos démons… Et il semblait que j’avais plus qu’un démon dans ma vie. Et un de ces démons se trouvaient face à moi. Et entre lui et Marcus, je ne savais pas de qui je devais avoir le plus de peur. Marcus était fou, Lucas imprévisible… Vampire et lycan… Et moi au milieu. Je tentais de m’approcher de l’un et d’échapper à l’autre…. Quelle histoire… Quelle vie… Mais Lucas appréciait le fait que je sois différente. Mmm avec l’âge qu’il avait cela devait un peu le changer des autres filles, qui sont tous digne d’un certain stéréotype.

Demander à une de mes amies ? Je souris. Oh non il n’arriverait pas à me mettre hors de moi, pas pour si peu. « Parce que tu penses qu’elles oseraient toucher à mon cavalier, et prendre le risque de m’avoir sur le dos ? » Des répliques j’en avais toujours. D’ailleurs c’est rare que je tombe à court. Pas toujours bien, car parfois il faut savoir se taire, chose que moi j’avais pas réellement apprit. Finalement je me laissais guider sur la piste de danse, fermant les yeux suite à sa demande, je devais être stupide. Car je le sentis s’approcher de moi, je sentis son souffle chaud sur mes lèvres et je ne pus empêcher mon cœur d’augmenter sa cadence. Finalement il me dit de me laisser aller. J’arquais un sourcil, mais il avait déjà entamé un premier pas de danse et je n’avais d’autre choix de le suivre. Me laisser guider par lui, suivre le mouvement, et écouter la musique, voilà ce qu’il voulait. Et il n’avait pas tort de me dire de fermer les yeux, c’était plus facile de suivre le mouvement, de se laisser guider par ses mains, ses pieds que lorsqu’on a les yeux ouverts.

Lorsque je semblais avoir trouvé le rythme, que je me fiais à lui, me laissant guider, ayant l’impression de flotter un peu dans les airs. Je finis par ouvrir doucement les yeux. Etrangement je me sentais bien, dans ses bras, à danser. Ce n’était pas si difficile que ca, c’était même facile, si on avait un bon cavalier. Et Lucas l’était. Je souris, je me sentais… heureuse… Etrange, j’avais du mal à me souvenir le moment où j’avais tellement souris ainsi, de réelle bonheur, sans qu’il s’agit d’un sourire qui me sert que de masque.

Crystal & Lucas

«Et si elles osaient que ferrais-tu ? » Un petit air interrogatif, je me dis que j’aurai bien aimé voir sa réaction tiens. N’en aurait-t-elle eu absolument rien à faire ou aurais-je eu l’occasion de voir une étincelle de mécontentement naitre dans son regard ?

L’accélération de ses battements cardiaques ne m’avait pas échappé alors que je m’étais rapproché. Il faut dire que j’étais totalement à l’écoute de la blondinette. Elle devait déjà se dire qu’elle venait de faire une erreur en fermant les yeux. Elle était à la fois en sécurité en ma présence et en danger. Je pouvais la défendre tout comme l’attaquer. Je ne sentais aucune résistance de sa part tandis que nous venions de faire quelques simples pas. Elle semblait décider à me laisser guider, elle me surprenait une fois de plus. Je pensais que jamais elle ne me laisserait la mener, qu’aux premiers pas, elle aurait ouvert les yeux, tendue. Sous mes doigts, je ne sentais aucune résistance, elle se laissait aller, comme je le lui avais demandé. Alors que nous avions commencé à tournoyer parmi les autres couples, j’avais toujours mon regard sur elle la détaillant minutieusement. Elle était d’une incroyable beauté, son teint était légèrement doré et elle avait deux magnifiques pommettes très légèrement rosées. Je l’observais, respirant son odeur.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, je lui souris, sourire qu’elle me rendit. Les mots étaient inutiles en cet instant, on semblait apprécier, aussi bien l’un comme l’autre, ce moment. Nos corps bougeaient totalement en harmonie, jusqu’à ce que nous nous arrêtions. Je la fis alors légèrement basculé en arrière, ses cheveux tombant en une cascade aux milles reflets dorés dans le vide. Je venais de dégager sa gorge, mes yeux bifurquèrent durant une fraction de seconde sur l’une de ses fines et visibles veines couleur bleue-violettes. Je désirais y goûter, sentir à nouveau ce doux goût légèrement sucré dans ma gorge. C’était tellement dur de résister, j’allais à l’encontre de moi-même. Pourtant, je la fis alors se redresser, retrouvant la faible distance qui avait pu nous séparer tout à l’heure. Mon regard retourna se plonger dans le sien, cependant emplit d’une flamme de désir. Ma main quitta la sienne pour venir effleurer sa joue, mes doigts longeant les traits que j’avais tant pu observer…