Bien sure qu’elle refusait il se s’en serait douté. Mais les excuses qu’elle sortait… la famille… Hunter comprenait parfaitement la notion de famille et de ne pas vouloir les décevoir. Mais aux paroles d’Elysa, il se dit qu’ils n’avaient quand même pas la même notion de la famille. Il observait le tatouage qu’elle portait avant de lever son regard vers elle. “Ah parce que ce n’est pas uniquement boire du sang mais aussi massacre qui fait partie de tes valeurs familiales? Joli famille… » Ah et puis à quoi bon tenter de la persuader ou encore de la faire changer ? Certains gens ne changent pas, et Elysa en faisait surement parti. A sa question, il la fixait droit dans les yeux. C’est vrai qu’il y avait pas mal de salauds sur terre, qu’il y avait des guerres, des morts, des meurtriers. « Je suis médecin, je vois la mort chaque jour. Et je suis conscient que l’humanité est loin d’être parfaite. Mais j’en suis un. Je suis un humain et si on devait tous baiser les bras et croire que le monde entier est mauvais, alors autant tous nous tirer une balle dans la tête n’est-ce pas ? » Qui est-ce qu’il était pour juger sur une vie humaine. Oui, il y a des salauds et des gens qui ne méritent pas de vivre, aucun doute. Mais Hunter pensait que les gens pouvaient changer, qu’on pouvait avoir une deuxième chance. Après tout, lui-même avait été qu’une grande loque remplit de misère. Et il s’était reprit non ? Maintenant il sauvait des vies, était beaucoup moins suicidaire qu’avant.

Le sujet des primes ne tardaient pas à venir sur le tapis. Mais encore une fois, Hunter n’avait pas envie d’en parler. Qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Et puis même si il aurait voulu en parler, il ne pouvait pas. Car ce n’était pas uniquement son secret. C’était tout sa famille. C’était leur secret et si ils avaient réussit à rester hors de danger pendant si longtemps c’était parce que le secret était bien gardé. Et même si il savait qu’Elysa ne l’irait pas raconter à un prime, il ne voulait tout simplement pas parler de ca. A personne. Il n’en avait pas parlé à RoxXie, à personne, et il ne comptait pas changer ses habitudes. « Ils m’ont prit pour quelqu’un d’autre, et j’ai pas eu le temps de leurs expliquer que t’es arrivé. »

“Ah parce que ce n’est pas uniquement boire du sang mais aussi massacre qui fait partie de tes valeurs familiales? Joli famille… » Evidemment qu'il critiquait. Ils n'avaient pas les mêmes points de vue. Il était humain, avait une famille humaine, ils devaient avoir des valeurs normales : ne pas tuer de gens, fonder une famille, se marier, être heureux, aider son prochain... tandis que celle d'Elysa ne jurait que par le sang, la torture, le massacre. Alors pour lui, ce n'était pas une bonne famille. Si elle avait pensé un moment le transformer et en faire un Servantes, ce qui n'était pas le cas, Elysa se serait bien trompée. S'il devait être un vampire, il se tournerait sans aucun doute vers les Reynard.

Bien sur que tout le monde n'était pas mauvais. Il y avait les vampires. Non, trêve de plaisanterie. Evidemment qu'il devait y avoir de bons humains, comme partout, il devait y avoir des bons et des mauvais. Donc, si elle ne tuait que des mauvais, ça ne le dérangerait pas? Elle en doutait. Non, Hunter était du genre à aimer tout le monde. Les bons comme les moins bons. Pourtant elle ne le connaissait pas beaucoup mais elle l'aurait parié. Sinon, il ne lui parlerait plus. Il savait qu'elle était mauvaise. Elle marchait toujours de long en large, dans le salon. Elle ne savait pas pourquoi mais elle était peinée qu'il la juge, qu'il ne l'accepte pas telle qu'elle était. A croire qu'elle cherchait sa bienveillance. Comment pourrait-il lui dire "c'est bien, continue" alors qu'ils étaient diamétralement opposés? C'était bête de la part d'Elysa d'espérer. Et pourtant, même si elle savait qu'une quelconque relation entre eux était impossible, elle continuait d'espérer. Elle en venait même à reconsidérer son marché. Après tout, ce serait toujours du sang humain... Mais comment l'expliquer aux autres? A Adam? A Isis? Même Adam,, alors qu'il aimait une sorcière, ne comprendrait surement pas... Pourtant il était un des seuls réels amis d'Elysa. « Ils m’ont prit pour quelqu’un d’autre, et j’ai pas eu le temps de leurs expliquer que t’es arrivé. » Elle n'en revint pas. Etait-il vraiment en train d'insinuer qu'elle avait mal interprété la situation tout à l'heure? Ca y ressemblait. Pourtant, il lui avait clairement dit qu'il lui offrait deux primes. Or, si ça n'avait été qu'une erreur, il ne les aurait pas sacrifiés. Non, ça ne collait pas au personnage. "Je ne te crois pas." Elle le fixa, de ses yeux perçants. "Tu veux passer un marché avec moi alors que tu me mens?" Ce n'était pas très équitable. Enfin, il ne voulait pas parler, ok, elle ne le forcerait pas. Mais qu'il n'essaye pas, alors, de la changer. Ca, c'était équitable.

Visiblement ce qu’il lui disait ne la plaisait pas vraiment. « Pourquoi… pourquoi refuses-tu d’accepter ? Alors qu’au final cela t’éviterais de devoir affronter des primes et de cacher des corps ? En plus c’est du sang humain que je t’offre… Est-ce que tu aimes tellement torturer des gens ? » C’était quelque chose qu’il ne pourrait surement jamais comprendre. Il n’avait jamais eu l’envie de torturer des gens, même pas les animaux. Alors non, il ne comprenait pas. C’était une chose de devoir tuer des gens pour se nourrir, c’était une toute autre chose d’y prendre plaisir et d’adorer de tuer des familles entiers d’innocents.

Peut-être qu’effectivement il en demandait trop d’elle. Après tout on ne pouvait pas changer tout le monde. Mais il aurait au moins essayé, n’est-ce pas. Et à toutes ces paroles, elle restait silencieuse. Même étrange d’ailleurs qu’elle ne réagit pas plus que ca. Mais par contre lorsqu’il parlait des Primes, là elle réagissait. « Les Primes n’ont rien à faire avec le marché que je te propose. » Bon d’accord, il mentait et alors ? Qu’est-ce qu’elle allait lui faire. De toute manière cette affaire ne la regardait pas. Ce n’était pas parce qu’elle l’avait sauvé la vie qu’il lui devait des explications. Et puis ces paroles étaient claires. Les primes ne venaient rien faire dans le marché qu’il lui proposait. Qu’il mentait ou pas, c’était totalement hors sujet. Ah et puis à quoi bon ? Il pouvait discuter de la vie des êtres humains pendant encore des heures, il doutait fort qu’il arrive à changer les idées d’Elysa. « Ah laisse tomber, je sais bien que cela ne sert à rien. » Il allait se rasseoir et reprit son verre dans ses mains. Il ne savait même pas pourquoi il avait essayé.

Et puis est-ce que cela avait vraiment une importance ? Non surement pas. De toute manière, même si elle aurait accepté, il aurait du lui faire confiance sur le fait qu’elle ne s’attaquerait pas à des humains. Mais il l’aurait fait. Car oui, il voulait y croire. Mais visiblement elle ne voulait pas changer sa vie. Et sa vie de carnage devait lui plaire. Alors qu’est-ce qu’il aurait bien pu y changer ? Rien du tout.

Il avait commencé par toucher des points sensibles. Elle n'aurait plus à craindre d'être découverte par des primes, n'aurait plus à cacher des corps pour éviter qu'on découvre l'existence des vampires... Et il lui proposait du sang humain. A la carte, même, peut-être. Peu à peu, la tentation d'accepter son marché s'insinuait dans l'esprit d'Elysa. Elle lui avait fait part, involontairement, de ses craintes, plus tôt dans la soirée, quand elle lui avait dit qu'il fallait qu'elle fasse disparaitre les corps, puis, quand elle avait maquillé ses morsures. Elle craignait les primes, alors qu'en soi, ils n'étaient que des humains, bien préparés pour certains mais humains tout de même. Et elle était une Servantes! Mais il lui avait ensuite demandé si elle aimait tant que ça torturer les humains. Et là, elle ressentit quelque chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis pas mal de temps. De la honte. Oui, elle avait honte d'elle. Car, oui, elle aimait torturer les humains. Rougissant, elle baissa les yeux vers le sol. Elle en avait torturé pas mal avant de le revoir, avec Isis, avec Lucas... Mais elle n'avait jamais eu de raison d'avoir honte d'elle-même. On l'aimait pour ce qu'elle était, parmi les Servantes. Et bien qu'elle sache que plein d'autres ne l'aimaient pas, notamment chez les Servantes, ou dans les autres créatures surnaturelles, elle n'en avait que faire. Alors que maintenant, elle souffrait de se dire qu'il la détesterait s'il savait.

Les primes. N'avaient rien à voir avec leur marché. Ca semblait, à Elysa, un peu facile. Mais puisqu'il ne voulait pas répondre... Elle ne le pousserait pas à parler, même si elle avait très envie de connaitre la vérité. « Ah laisse tomber, je sais bien que cela ne sert à rien. » Elle le regarda se rasseoir, triste (elle). Elle eut soudain froid. Elle croisa ses bras sous sa poitrine, et sans dire un mot, partit. Elle ferma délicatement la porte derrière elle. Laissant Hunter, son verre de vin, cette discussion derrière elle. Assise derrière le volant, il lui fallut quelques minutes avant de démarrer. Elle ressassa tout ce qui s'était passé ce soir. Et la discussion notamment. Il ne la connaissait pas mais voulait la changer. Pourquoi? Elle était aimée comme ça. Alors certes, elle tuait des humains. Mais elle avait plein de qualités. Elle était fidèle, loyale, responsable, ouverte d'esprit... Elle aimait sa famille et ferait n'importe quoi pour sa matri et ses quelques amis. Mais il ne voyait en elle que ses penchants pour la tortue et le sang. Ce n'était pas juste. Elle tourna le contact et partit, sans regarder la maison.

Rien à ajouter à part :

FIN