19 Novembre 1730 – Quelque part à Saint Pétersbourg, sous des mètres de neiges et dans un froid glaciale, naquit Anastasia Romanov, moi. Je grandis alors dans un milieu aisé, sous le règne de l'impératrice Anna Ivanova. Mes parents me chérirent comme la fille unique que j'étais et me couvèrent de tout ce qu'une petite fille pouvait avoir besoin et même plus. Autant vous dire que ma jeunesse fut tout ce qui a de plus normal et joyeux. La vie me souriait, j'étais promise à un avenir brillant dans la belle Russie.
Mais quelque chose n'allait pas, je pouvais être ensevelie sous une tonne de jouets, de vêtements, de bijoux, je ressentais un vide que je n'arrivais pas à combler. J'étais belle, j'étais riche, j'avais des milliers d'amis, mais je n'étais pas heureuse. Je n'avais pas l'entière liberté que je désirais. Je voulais voir plus loin, je voulais explorer le monde. Je me sentais emprisonné.

23 Novembre 1750 – Nous sommes toujours à Saint Pétersbourg et je me plait dans la création de robes et chapeaux. Ce soir là c'était celui de mes vingt-ans et pour l'occasion une grande fête avait été donné en mon honneur. Les festivités avaient lieu dans un petit manoir, résidence secondaire de ma famille. Toute la haute société avait été invité, c'était une occasion en or afin de montrer mes créations. Je portais alors une de mes plus belles robes. Tout se passait bien, tout le monde me regardait, j'étais le centre de l'attention. Mais une femme attirait mon attention. Je ne l'avais jamais vu. Elle était belle, mais si pâle, je n'arrivais pas à détacher mes yeux d'elle. Je l'observais alors. Je ressentais envers elle une grande admiration même sans la connaître.
Je la retrouvais plus tard dans une annexe du manoir, un petit boudoir, loin des regards extérieurs. Elle était là, assise à me regarder alors que j'entrais dans la petite pièce. Un petit sourire séducteur ne quittait pas son magnifique visage. Puis nous nous sommes mis à discuter, de tout et de rien, elle me complimentait sur ma robe, sur mes créations. Elle semblait s'intéresser de plus en plus à moi. L'alcool ingurgité durant cette soirée me fit parler de mes angoisses, de mon envie de liberté … De fil en aiguille, elle s'est mis à me parler des vampires, des sorcières, des lycans … Au début je n'en croyais pas un mot, mais elle m'a tout expliqué du début, et j'ai pris le parti d'y croire. Elle m'a alors avoué qu'elle était vampire. Je l'ai alors encore plus admiré, même envié. Je voulais être comme elle.
D'un commun accord, elle a fini par accepter de me transformer. Je crois qu'elle m'appréciait. C'est elle qui m'a appris les ficelles du métier si je peux parler ainsi. J'étais désormais moi aussi un vampire, une créature de la nuit, sublime et sanguinaire. Et plus que tout j'étais libre, libre comme l'air. Mylène, parce que c'était son prénom, devint mon mentor, ma grande sœur, ma maîtresse. J'étais désormais liée à elle. C'est grâce à elle que je suis devenu ce que je suis. Elle m'a tout de suite amené en Irlande, et m'a introduite dans le célèbre clan des Servantes. Je m'y senti tout de suite chez moi.

1757 – J'arrive en Italie, seule. La ville de Venise me faisait rêver depuis longtemps. Je m'y rendais donc, savourant encore ma liberté. Je m'étais très bien adaptée à ma nouvelle condition. Là bas j'y rencontrais Lucas, un mortel aussi séduisant que possible. Je le voulais pour moi, je voulais qu'il soit mon vampire. Mais malheureusement, n'étant moi même vampire depuis très peu de temps je ne me sentais pas capable de le faire, je n'aurai pas réussi à m'arrêter, et je l'aurai assurément tué. Ca aurait été dommage pour un si bel homme.

Quelques temps après, de retour en Irlande, j'appris que Lucas avait été transformé. Pleine de joie je décidais donc de le retrouver. Je découvrais alors un double, mon équivalent masculin, aussi sanguinaire que moi. L'année qui suivit nous ne nous sommes pas quitté d'une semelle, devenant inséparables, de vrais alter égo. Nous avons voyagé partout, faisant les quatre cents coups.

Nous étions en Amérique quand Lucas décida de rentrer en Irlande, pour ma part j'avais encore envie de rester là où j'étais, afin d'en découvrir plus de ce magnifique continent. Nous nous sommes donc séparés. J'ai continué à faire ma vie, continuant de créer des vêtements, m'adaptant aux modes des différents siècles que j'ai traversé. J'ai rencontré des tas de personnes, des bonnes, des mauvaises, des amis, des ennemis … J'ai aussi beaucoup voyagé.

Maintenant, je décide de revenir en Irlande, voir à quel point ça a changé, et espère y retrouver des têtes connues, notamment Lucas.

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